L’art japonais du kintsugi
Bonjour tout le monde !
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un art traditionnel japonais que vous ne connaissez peut-être pas. Il s’agit du kintsugi (non, je n’ai pas éternué sur mon clavier !). Allez, comme le savoir n’attend pas, je vous laisse découvrir ça !
Qu’est-ce que le kintsugi ?
Le kintsugi (japonais : « jointure en or ») ou kintsukuroi (japonais : « réparation en or ») est une méthode japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques brisées. Pour cela, les réparateurs utilisent de la laque saupoudrée de poudre d’or. Le but, est de sublimer un objet cassé (pas de le rendre bling-bling).
De plus pour les objets réparés, les traces de réparation deviennent d’harmonieux témoins du passé et marquent sa renaissance au monde.
Histoire
Le kintsugi serait apparu lorsqu’à la fin du XVe siècle, le shogun Ashikaga Yoshimasa (1435-1490) a renvoyé en Chine un son bol de thé favori qui était endommagé. Il souhaitait le faire réparer par des artisans réputés habiles. Après un long moment, le bol revint au Japon, mais le Shogun ne fut pas satisfait de la réparation. En effet, les morceaux étaient tenus entre eux par des agrafes métalliques disgracieuses. De plus, elles ne rendaient pas réellement l’objet utilisable, puisqu’elles ne comblent pas les fissures entre chaque morceau. Les artisans japonais auraient alors cherché un moyen de réparation plus pratique et esthétique. La réparation à la laque d’or ou kintsugi était née de cette recherche.
Légende ou non, le kintsugi était dès lors devenu le moyen, non seulement de restaurer l’intégrité physique d’un objet, mais aussi celui de lui rendre son étanchéité et donc toutes ses capacités. Surtout en ce qui concerne les céramiques destinées à contenir des liquides ! L’objet retrouve ainsi son usage d’origine et peut continuer à vivre.
Technique
La technique utilisée pour la réparation à la laque d’or fait partie des techniques du maki-e (nom donné au travail de la laque) utilisées traditionnellement par les artisans laqueurs japonais.
Cette technique de réparation de la céramique ne se limite pas à l’utilisation de l’or et peut aussi se faire sur d’autres modes. En effet, le kintsugi connait deux « dérivés », à savoir le gintsugi (réparation à la laque d’argent), ainsi que l’urushi-tsugi. Il s’agit de la réparation faite à la laque naturelle urushi, qui est sans additif métallique.
Les seules limitations techniques de cet art, sont l’habileté et l’imagination du restaurateur, qui pourra insérer des motifs. Par exemple, dans certaines vitrines du Musée Guimet, le laqueur s’est appliqué à remplacer un morceau manquant par une pièce de laque recouverte de dessins de feuilles variées.
En fait, on rencontre beaucoup de réparations à la laque sur des pièces en raku-yaki (technique d’émaillage développée dans le Japon du XVIe siècle). Cela, du fait du mode de cuisson à « basse » température qui peut provoquer par endroits, des manques d’adhérence entre la pièce et l’émail. C’est souvent le cas sur les bols utilisés pour la cérémonie du thé (ces bols sont appelés « chawan »), qui s’abîment lors de leur utilisation ou qui ont eu un défaut de cuisson lors de leur création.
Un rapport différent aux objets brisés
Kintsugi, gintsugi et urushi-tsugi sont trois termes qui, peuvent résumer à eux seuls tout un pan du rapport à l’objet en Asie. Cette vision est éloignée de notre conception occidentale.
En effet en occident, quand un objet se brise, son destin est de rejoindre la poubelle la plus proche. Pour les objets de collection, ils voient leur prix radicalement chuter. Ça, c’est quand ils ont la chance de ne pas perdre toute leur valeur.
C’est différent dans la tradition céramique asiatique, où l’objet brisé peut trouver un nouveau souffle et continuer sa vie. Cela relève d’une philosophie qui prend en compte le passé de l’objet, son histoire et donc les accidents éventuels qu’il a pu connaître. La casse d’une céramique ne signifie plus sa fin, mais un renouveau. L’objet vit le début d’un autre cycle et d’une continuité dans son utilisation. Le but n’est donc pas de cacher les réparations, mais de mettre celles-ci en avant.
Sur le marché de l’art, des bols réparés ainsi peuvent même obtenir de meilleurs résultats en vente que des pièces intactes.
Fun fact :
Le kintsugi connut un tel engouement (notamment au XVIe siècle), qu’il est dit que certains collectionneurs de céramique, brisaient volontairement certaines de leurs pièces pour pouvoir les faire réparer.
Après, pour réduire en miettes n’importe quelle pièce, ces collectionneurs pourront toujours compter sur la délicatesse des services postaux !
(Petite dédicace au facteur qui écrase mes colis pour les faire rentrer dans ma boîte aux lettres. Ça, plutôt que de venir sonner à ma porte, ou de me laisser un avis de passage !)
Musique
Dans un tout autre registre, sachez qu’un groupe de musique franco japonais a choisi de porter le nom de « Kintsugi ». Il s’agit d’un trio composé du guitariste Serge Teyssot-Gay, cofondateur du groupe rock Noir Désir. Mais aussi du violoncelliste Gaspar Claus et de la chanteuse japonaise tokyoïte et joueuse de biwa : Kakushin Nishihara.
Sources :
Enfin, les informations contenues dans cet article viennent principalement des sites Wikipedia, Mapado et The-et-ceramique.
Que pensez-vous de cet article ? Connaissiez-vous déjà l’art du kintsugi ? Cela vous donne-t-il envie de donner une nouvelle vie à vos objets cassés ?
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